JOUR 1 - PARIS - SANTIAGO - VALPARAISO
J'ai encore l'esprit embrouillé par ma sieste à rallonge mais je vais tacher d'être clair. Me voilà donc à une table de l'hostal « Maison de la Mer » où je me suis posé après une trentaine d'heures de voyage. Contrairement à l'arrivée en Inde, celle au Chili s'est déroulée sans accroc majeur. Pas d'annulation, pas de bus qui crève trois fois sur le trajet... À peine un retard d'une grosse heure pour le vol Madrid-Santiago. C'est en écrivant ça que je me souviens quand même qu'on m'a appelé quand j'étais à Orly pour me signifier que mes billets n'étaient pas valables.
J'ai dû ressortir, attendre une demi-heure sans avoir la moindre idée de ce qu'il se passait, et me retaper une seconde fois la sécurité. Rien de grave au final, il faut juste savoir garder ses nerds pour éviter que ça tourne au psychodrame pour rien. Le Madrid-Santiago fut long, mais j'en ai profité pour taper la discute avec un couple de retraités français qui allaient voir leur fils expatrié, qui avait notamment fait Alaska-Ushuaïa. Les 13h en l'air se font de nuit les ¾ du trajet.
Le jour est revenu pour le survol des Andes, où j'ai repéré l'Aconcagua. En sortant de l'aéroport, j'ai baragouiné mon Espagnol niveau CP pour trouver un bus pour « Parajitos », d'où j'ai chopé une liaison pour « Valpo ». La sortie de Santiago m'a curieusement rappelé Katmandou : climat sec voire aride, brume de pollution permanente qui masque les géants pourtant tous proches. En arrivant à Valpo, je traverse tout le centre à pied pour me mettre dans l'ambiance. Les odeurs de grillades et de friture donnent le ton. Il fait beau , les gens sont dehors et surtout : je me sens vraiment au Chili. À mon arrivée à la chambre d'hôtes réservée il y a 2 jours, le patron me réceptionne avec une photo du Mont Saint-Michel, en me demandant de lui dire dans quelle région il se trouve. Le bonhomme s'avère être un Normand pur beurre. Je redescends après ma douche dans le centre, où j'achète ma 1ère empanada en arpentant les rues. Bon, il va pas tarder à faire nuit, je vais faire une dernière balade. Tout va bien.
JOURS 2-3 - VALPARAISO
J'allais évidemment pas me lever aux aurores quand même ! 10H30, heure raisonnable pour sortir du lit après une bonne nuit réparatrice. Je prends le petit-dej avec Luis et Francesca, un couple de passage à « Valpo ». Luis me raconte avec plaisir « son » Chili qu'il a quitté pour la France il y a 18 ans. Après le petit-dej, je me fais une séance lessive à la main avec le savon acheté la veille. Ma veste légère en avait bien besoin, d'autant plus que c'est la seule pour tout mon voyage (voyager léger, ça se mérite). Je finis par m'arracher de mon confort après les heures chaudes. Je parcours la route belvédère de l'Alemania avant de redescendre sur le quartier de Cerro Alegre.
C'est l'un des poumons « jeune » et « animé » de la ville, on s'en rend compte au nombre de pubs. Je m'arrête dans une échoppe qui paie pas de mine où je tombe mon 1er completo, le hot-dog local avec base guacamole. En sortant, je tombe alors sur un concert donné sur un pied de porte par deux filles. Les passants s'arrêtent zet s'installent sur le muret longeant le trottoir, tandis que les voitures défilent dans leur dos. La fin d'après-midi donne un trait hyper apaisant à la scène. La musique est agréable, la vie suit son cours, tout le monde semble y trouver son compte. Le concert est donné devant le « Nodo Valpo », un espace culturel altermondialiste, d'après ce que j'arrive à comprendre des affiches ainsi que des paroles des chanteuses. C'est vraiment ça le vrai « Valpo » : prendre le temps, et profiter de ce qui tombe au coin de la rue. Le quartier, entre Alegre, Carcel et Panteon est haut en couleurs. Ça me plait. Après un « Pollopleto » plus bourratif (et gavé de mayonnaise), je tombe sur une scène assez saisissante. J'étais passé devant un groupe de jazz hier, mafoi très sympathique. 6 mecs en chemises blanches sur une place. Aujourd'hui, je les retrouve au même endroit en train de jouer. Je remarque au bout de quelques minutes que les deux filles chargées de vendre les CD à la foule, les mêmes qu'hier, sauf qu'ajourd'hui, elles sont vêtues de noir, l'une d'elles portant un léger voile et les yeux couverts par d'imposantes lunettes de soleil, le pas lent et lourd. Je retourne mon regard vers les musiciens : ils portent tous un brassard noir. Le groupe est en deuil mais continue à jouer. La musique ne s'arrête pas ici. Jamais.
Rien ne sert de partir tôt pour remplir sa journée. Cette maxime m'arrange bien et en plus, elle est vraie. Encore un lever tardif ce matin. Je petit-déjeune puis me recouche jusqu'à 14h (!). De toute façon, il fait gris aujourd'hui. Et je ne m'en voudrai jamais de dormir quand j'ai sommeil. Bref, ces moments me permettent de réfléchir à mon programme. Après étude approfondie, je commencerai la montagne à Pucon, avec un trek de 3-4 jours histoire de tester le matos. Je profite du temps pour aller choper le billet de bus à la gare routière, que je retrouve facilement après 20 minutes de marche.
J'engloutis un bon Churrasco (mon 1er) avant de me diriger vers le quartier de Cerro Alegre sans regarder le plan. À Valparaiso, il est important de déambuler là où bon te semble. Garder les yeux rivés sur la carte te prive de la beauté de l'incertitude. Bien sûr, il faut compter sur ses jambes, mais ça vaut le coup. Après un très raide escalier, je me retrouve dans un dédale de ruelles colorées où il est jouissif de se perdre. Le nombre croissant de touristes m'indique que je suis dans un des hauts-lieux de la ville, mais l'endroit conserve son charme. Je m'amuse d'un passage où un toboggan est installé pour descendre à côté des escaliers. Les petites galeries d'art pullulent dans ce quartier pas encore « rongé » par la hype mais qui semble bien en profiter. J'en ai pris plein les yeux, et c'est tout ce que je demandais.
Ça monte
Heure de pointe
Ceci n'est pas une empanada
Le parcours, à l'arrache